Comme annoncé, le collectif des candidats recalés a été reçu ce mercredi par le chef de l’Etat. Un tête à tête qui a duré trois tours d’horloge. A la sortie, l’ancien ministre du tourisme, par ailleurs porte-parole du jour, a informé qu’ils ont discuté de tout sauf d’un éventuel report du scrutin. «Cette question n’a été soulevée ni par le collectif ni par le président de la République», a-t-il précisé. Par contre, ils ont discuté des dysfonctionnements notés lors du contrôle des parrainages. Sur ce point, il a fait savoir que «lorsque la loi n’est pas respectée on doit prendre les mesures qu’il faut et le collectif va se battre pour que les droits des sénégalais soient respectés».
Et à l’en croire, ils ont discuté «des graves manquements qui ont entaché le fichier et le processus démocratique car selon le Conseil constitutionnel, il faut une concordance parfaite entre les données du parrain dans le fichier électoral». Ce qui est, indique-t-il, «contraire avec la loi électorale et l’arrêté du ministère de l’intérieur sur les questions de parrainages. Selon ces dispositions, le seul discriminant qui autorise l’invalidité du parrainage c’est l’invalidité de la date de la carte nationale d’identité qui fait office de carte d’électeur. Donc sur ce point, le logiciel du Conseil constitutionnel a violé la loi sur le parrainage. Nous considérons que cela doit être corrigé rapidement».
Aussi, poursuit-il, «neuf candidats n’ont pas été contrôlés parce que le fichier électronique n’est pas exploitable. Nous avons aussi demandé que cela soit réglé parce que ce sont des sénégalais qui les ont parrainés». À cela, s’ajoute le fait que «des régions complètes ont été omises pour le simple fait que le logiciel n’a pas pu identifier les données au moment où le code électoral prévoit la correction des erreurs. Plus d’un million d’électeurs risquent de ne pas voter le 25 février parce qu’ils sont déclarés non identifiés dans le fichier. Donc, un travail doit être fait pour ces personnes afin de s’assurer que leurs noms figurent bien dans le fichier car un million sur un fichier de 7 millions c’est énorme».
La délégation du collectif a aussi abordé la question des jeunes qui sont en prison. «Le chef de l’Etat a été attentif et nous rendrons compte à nos avocats pour qu’ils puissent initier les procédures pour demander des libertés provisoires. Nous avons, aussi plaidé pour la libération de Bassirou Diomaye Faye. Sa candidature a été retenue donc sa place n’est pas en prison, il doit être libéré pour qu’il puisse battre campagne comme tous les autres candidats. L’élection serait déséquilibré si l’un des candidats doit battre campagne en étant en prison», indique-t-il.
Accompagné par un représentant du Parti démocratique sénégalais, la délégation a, aussi, soulevé le cas Karim Wade : «Le cas Karim Wade n’honore pas la démocratie. Il a été rejeté en 2019 pour une raison et cette fois-ci, il est encore rejeté pour une autre raison. Ces questions doivent être discutées parce que le Pds a beaucoup fait sur le plan démocratique et c’est inacceptable que son candidat soit écarté de cette façon. Ousmane Sonko et Karim Wade font le tiers des députés à l’Assemblée nationale».
A en croire Alioune Sarr, le chef de l’Etat a prêté une oreille attentive et ils ont décidé d’élargir les discussions. En tout état de cause, ils sont convaincus que le Conseil constitutionnel peut encore revenir sur le contrôle des parrainages.
Satv